Ligne claire

Le paysage défile.

Cette lumière semble ne pas exister ailleurs qu’ici. Comme une qualité de lumière à part. Une intensité. Une vibration. En fait je ne sais pas. Mais c’est différent.

Le soleil bas d’une année encore jeune caresse la campagne déjà verte, d’un vert gras. Le monde s’est réveillé.

Le paysage défile et me happe. Il a cette saveur qui m’enivre. Rien. Pas de tours, pas d’immeubles pas de routes, de maisons. Des champs, quelques arbres, de la lumière. Des vignes, des champs. De la lumière.

Le regard est libre.

Il n’est pas contraint de rebondir sans cesse sur les constructions de l’homme, sur le béton des villes.

Il n’est pas contraint de réagir à un million de détails.

Les lignes sont simples, les formes aussi. En bande dessinée, le dessinateur de ce paysage se revendiquerait de la ligne claire.

Le paysage défile et m’emporte avec lui. Et il emporte les tumultes, les questions, les préoccupations du monde des vivants.

Ce paysage se suffit à lui-même.

Sa douceur, sa quiétude, cette lumière, font oublier la vie urbaine, et plongent dans le temps de l’insouciance.

Je voudrais être là pour toujours.

En marchant sur la plage, je pense à Sylvain Tesson dans sa cabane, l’Atlantique est mon Baïkal. Cet horizon aux lignes claires absorbe le temps et les questions.

Je voudrais être ici pour toujours.

Ici n’est pas le lieux des pourquoi, des comment. Ici se suffit. Maintenant se suffit. Être ici, maintenant.

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