Tranchées de vies – Ep. 2 : « Il ne faut pas se démonter »

Ce billet est le 2eme épisode de la série « Tranchées de vie ». Je vous invite à en lire la présentation.

Quimper, le 2 août 1914

Ma bien chère femme,

A l’heure où tu liras ces lignes, je serai sans doute en route pour la frontière, mais il ne faut pas se démonter, car tout n’est pas perdu encore, et j’ai l’espoir qu’au dernier moment la folie universelle des dirigeants s’apaisera ! Espérons encore !
Maintenant comme il faut malgré tout prendre ses précautions, j’ai rassemblé mon petit bagage et je l’ai déposé chez Mr Chevreau, qui en cette occasion s’est montré pour moi un ami ! Ma place chez lui m’attend toujours, de ce côté pas d’inquiétude.
Je t’envoie en lettre recommandée le titre russe. Fais en ce que tu voudras, il est à toi. Je ne puis t’envoyer d’argent liquide mais si tu en as besoin adresse toi à mon père sans faux amour propre, car tu le sais, bien que nous ne soyons pas mariés tu es pour lui considérée comme sa fille !!
De Clermont je n’ai rien reçu. Je vais donner l’ordre d’envoyer les fonds à ta mère, puissent-ils vous parvenir.
J’espère que tu as pu partir pour Troyes et c’est à cette adresse que j’envoie ma lettre. Si tu n’as pas pu passer par l’est, va à Tonnerre. Tu es leur fille ! Vas-y avec Ninie, de là vous pourrez peut-être gagner Troyes.
Je ne vois plus rien à te dire, ma chère ! Georgette. Si ce n’est d’avoir du courage !!
C’est encore une mauvaise passe, elle fera comme les autres elle passera. Montre toi une petite femme courageuse, énergique, et sache que quoi qu’il arrive, tu auras avec mon père toutes mes pensées !!
Allons au revoir et courage !
Embrasse bien Ninie et ceux de ma famille que tu verras pour moi. Quand à toi je t’embrasse comme je t’aime c’est à dire infiniment.

Albert, ton mari qui t’aime toujours.


Quimper, 5 août 1914 (télégramme)

QUIMPER 663 10 5 9h55 – ALBERT L. PARTI LUNDI CAMP SISSONNE

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