– « Je n’arrive plus à respirer ! Je n’arrive plus à respirer ! »
J’ai quatre ans je crois. Je suis sur mon porteur en forme de camion, parcourant le long couloir de la maison.
– « Je n’arrive plus à respirer ! Je n’arrive plus à respirer ! »
La voix provient de la cuisine. J’ai ce souvenir d’une soudaine agitation. On appelle les secours. J’ai quatre ans et je suis sur mon porteur. Je suis dans l’entrée du salon et les adultes s’agitent comme des fourmis dont la fourmilière viendrait d’être attaquée ou enflammée. Ils vont et viennent dans ce long couloir. Je vois passer des paires de jambes.
Que font les pompiers ? Ils en mettent du temps. Pourquoi ne sont-ils pas déjà là ? Rappelle-les ! Mais que font-ils ?..
Tatie a été conduite dans le bureau je crois.
Les pompiers sont arrivés, enfin. Ils en ont mis du temps ?
J’ai ce souvenir de l’un d’eux passant devant moi, sans visage, les pompiers sont des jambes. Il a un appareil étrange à la main. Défibrilateur, électrocardiogramme ? Celui-là je ne l’avais pas dans l’attirail de mes pompiers Playbig.
Ca duré un moment. La fourmilière s’agite. Le monde extérieur s’est engouffré dans la maison comme une tempête.
Et puis ils sont partis. Elle aussi.
J’ai quatre ans, pour la première fois la mort a frappé.
J’en garde ce souvenir distant et étrange, une sorte de film flou en un plan séquence.
J’ai quatre ans et je viens de mûrir un peu.