Mille voix

Ma tête est pleine.
Ma tête est pleine de mille voix qui chuchotent.

Elles m’interpellent, m’avertissent, me tancent, me relancent.

Ces mille sont moi, mes moi, mes voix. Je suis ces mille.

Chaque pensée ouvre une voie à une voix qui s’empare du micro. L’une s’inquiète, l’autre s’emballe, une s’étonne.
Ces voix s’élèvent, je suis une salle des pas perdus, aux echos incessants.

Comme un hôte poli qui aurait trop invité, je virevolte d’un convive à l’autre. D’un sujet à l’autre. D’une voix à l’autre.

Je m’épuise, je me vide. J’aspire au calme.

– Rentrez chez vous s’il vous plaît, j’ai besoin de me reposer.
– Mais, nous sommes chez nous ici…

J’entre dans un wagon du train. Il est 8h, et mille étrangers chuchotent, échangent, téléphonent.

C’est trop. Je voudrais crier « silence » !

Alors je ferme les yeux. Je respire doucement. Intérieurement je ferme les rideaux, et les volets aussi.
Je respire doucement et je recommence. Et je recommence…

Le silence se fait. Mes milles voix et leurs milles voix se taisent. Je suis là, je le sens, mais je suis enfin seul.

Tout est si calme. C’est si rare